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Contre feu
11 mai 2013

De Gaulle avait free !

Prenons 5 minutes pour réfléchir sur nos convictions. Le combat c'est bien mais faut-il encore savoir sur quoi il est fondé, quelles sont les raisons qui nous font réagir à tel événement et pas à tel autre.

Aussi, à la réflexion, gaulliste je suis et gaulliste je reste, mais le gaullisme c'est quoi aujourd'hui ?

Je n'ai pas d'autorité particulière pour me prononcer sur le sujet, simplement un vécu assez marqué et de longue date. En effet mon engagement remonte à 1972 date à laquelle j'ai du faire le serment de "soutenir inconditionnellement l'action du Général De Gaulle" (son prolongement puisqu'il était disparu).

Depuis la mort du Général chacun s'est approprié le Gaullisme à sa façon, même les opposants acharnés de l'époque, je veux dire les communistes et les socialistes qui ne cessent aujourd'hui de citer le Général !

Mais aussi les partisans qui ont vécu avec leur propre expérience  leur propre sensibilité, leur vécu, ce qui est mon cas.

Le soir du 2 avril 1974 je collais des affiches lorsque la nouvelle du décès de Pompidou a été connue.

Commence alors pour moi une longue traversée du désert (déjà!), j'explique. Le successeur naturel de Pompidou pour le parti Gaulliste était Jacques Chaban Delmas, Compagnon de la libération (Chaban est son pseudo de résistant), gaulliste dit "de gauche" c'est à dire avec des idées un peu progressistes qui était de nature à réconcilier le peuple, à peine sorti des rêves de 1968, avec la droite Républicaine.

Sauf que Chirac a décidé de pousser la candidature de Giscard pour devenir  son Premier Ministre et lancer ainsi sa carrière. Je ne lui ai jamais pardonné cette trahison bien qu'ayant été obligé de voter pour lui à plusieurs reprises.

chaban

Toujours pour des raisons personnelles il a ensuite accepté de cohabiter avec Mitterrand ce qui n'était franchement pas de bon goût et ne lui a pas rapporté de se faire élire en 88 car l'autre était bien plus retord. Mieux, il a récemment fait voté Hollande.

Nous avons vécu ensuite 12 années d'une Présidence de droite sans odeur et sans saveur mais depuis nous avons eu Sarkozy et là, j'ai repris du service actif car je considère qu'il est un représentant digne du Gaullisme moderne.

Pendant un bon moment à la suite de la mort du Général, la question s'est posée de savoir ce qu'était le Gaullisme, en effet c'est difficile de faire la synthèse d'un époque aussi riche en événements et en évolutions.

Avec le recul je suis maintenant convaincu que le Gaullisme se résume parfaitement en trois qualificatifs : une France forte, indépendante et libérale.

Une France forte.

De Gaulle rageait avant guerre (la seconde) parce que la France s'équipait de défenses passives qui ont démontré leur inutilité et il militait pour la construction massive de chars, ces même chars qui du côté allemand ont écrasé nos troupes. Il voulait "Allier le char et l'aviation "[1].

Depuis, nous devons à De Gaulle d'avoir lancé tous les grands programmes industriels de ce pays, programmes qui donnent aujourd'hui :

  • L'indépendance énergétique.
  • Le premier constructeur d'avions au monde, AIRBUS.
  • Le premier constructeur d'hélicoptères au monde, EUROCOPTER.
  • Un fabricant de composants électroniques qui résiste malgré l'hégémonie des asiatiques et des américains, ST Microelectronics, héritière du "plan composants" dont Thomson était le fer de lance. Thomson qui fut estimée à un franc [2], en 1996, juste après 14 années de Mitterrand.
  • Le plan informatique avec CII (puis CII-Honeywell-Bull, maintenant Bull), depuis laissé à l'abandon mais avec une entreprise discrète qui rest à la pointe : Bull.

Enfin la dissuasion nucléaire, si critiquée, qui a préservé notre territoire de toute agression depuis maintenant 68 ans. Il avait tout compris.

Tout cela n'est pas un hasard mais est du à une vision à long terme du devenir de la Nation, vision basée sur des concepts simples, fondamentaux et appliqués sans état d'âme.

En effet je l'ai déjà dit, pour le Général, en bon militaire, la raison d'Etat primait toujours sur les considérations individuelles.

Une France indépendante.

Dés son arrivée à Londres et malgré des moyens des plus ridicules, De Gaulle a tenu tête à son allier Churchill afin que la France (libre) existe jusqu'à la libération du territoire.

"Lorsque à partir de 1942, Churchill accepte de se subordonner lui-même aux Américains, en devenant le "fidèle lieutenant" du président Roosevelt, il ne doute pas que la  France libre, qui lui doit tout et dépend  étroitement de lui, s'empressera de suivre son exemple. C'est évidemment  compter sans la personnalité très particulière du général De Gaulle" [3].

Il en va ainsi jusqu'à la libération où les forces françaises ont obtenu d'arriver dans les principales villes en libératrices alors que leurs effectifs étaient loin d'être prépondérants.

C'est là que De Gaulle, grâce au choix de son entourage, avec des intellectuels comme André Malraux (Les chênes qu'on abat [4], 1971), des grandes voix comme Maurice Schuman (Honneur et Patrie [5]), grâce bien sûr aux réseaux établis dans la résistance, a joué un rôle de stratège unique et salutaire.

france libre

On se pose souvent la question, "et s'il n'avait pas été là" ? Sans doute quelqu'un d'autre aurait été à Londres ou aux US pour organiser la France libre à sa place. C'est toute la question de l'unicité d'un héros.

Quelqu'un d'autre sans doute, oui mais certainement pas avec le même génie, la même pugnacité et le même amour de la patrie,  qualités auxquelles s'ajoutait uns sens de la négociation hors du commun. Tout cela dans un même homme en a fait ce personnage unique.

Ce même principe d'indépendance il l'a appliqué pendant tout le temps où il a exercé le pouvoir en se tenant toujours à distance des américains jusqu'à un point qui pouvait passer pour de l'ingratitude. De même il avait une méfiance viscérale à l'égard de l'Europe ce qui ne l'a pas empêché de poser les premières pierres de l'Europe actuelle car il savait, bien avant tout le monde, que c'était la seule voie pour établir une paix durable.

Il était aussi très méfiant pour ce qui était des Nations Unies, organisme qu'il a qualifié de "machin".

L'affichage de cette volonté d'indépendance a atteint son paroxysme lorsqu'il a prononcé le fameux "vive le Québec libre" qui n'était sans arrières pensées un peu hégémoniques envers ces américains du Nord, francophones !

Une France libérale.

De Gaulle était fondamentalement convaincu que seule la libre entreprise pouvait permettre de reconstruire le pays car il croyait en l'initiative personnelle, aux valeurs de l'homme.

Pour des raisons stratégiques mais aussi idéologiques il ne pouvait accepter les théories des prétendues démocraties de l'Est.

C'est lui qui a installé le suffrage universel puisque avant lui les femmes n'avaient pas accès aux urnes ! Ce droit a été mis en place par De Gaulle en 1944 alors qu'il Dirigeait le Gouvernement Provisoire et utilisé pour la première fois le 29 avril 1945 [6] pour les élections municipales.

vote des femmes

Une France libérale oui mais une France forte. Jamais depuis De Gaulle, les entreprises nationalisées n'ont autant été soumises au contrôle de l'Etat. L'enjeu était immense qui consistait à moderniser :

  • Les réseaux ferrés.
  • Les réseaux électriques.
  • Le téléphone.
  • L'armement (AMX-APX), l'industrie de l'Aviation et de la Marine de guerre.

Libéral donc mais conscient des enjeux, aussi, la nationalisation pour lui n'était pas une doctrine mais un simple outil d'indépendance et de cohésion nationale.

En guise de conclusion.

Reste que c'était une autre époque et que l'on pourrait lui reprocher la télévision entièrement contrôlée par l'état, les règles de la Société qui n'évoluaient que peu et lentement. C'est sans doute à regrets mais de bon cœur qu'il a accepté la légalisation de la pilule [7] définitivement adoptée par l'Assemblée le 19 décembre 1967.

Le chantier pour refaire de la France une puissance respectée dans le concert des nations était si grand qu'il devait sans doute considérer les questions de Société comme accessoires.

De-Gaulle

Enfin De Gaulle était aussi, bien que d'origine légèrement royaliste, un vrai démocrate, lorsqu'il s'est senti désapprouvé par le peuple, mal aimé et raillé pour ses allures d'un autre siècle, il s'est lancé dans un référendum suicidaire [8] en mêlant au projet de régionalisation un projet de changement radical et de modernisation du Sénat. Cette modernisation, le Sénat n'en voulait pas et d'ailleurs personne depuis n'a osé  s'y attaquer. On se souvient de la question sur la régionalisation (réalisée depuis) mais on oublie trop souvent que De Gaulle s'est fait descendre par les Sénateurs.

La France est, certainement grâce à lui, la 5e puissance mondiale mais hélas  ne le restera peut être plus bien longtemps.

De Gaulle avait free : "il avait tout compris" !

PhB


[8] lien : http://www.france-politique.fr/referendum-1969.htm

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