Les étudiants seraient-ils des paresseux sans mérite ?

La réforme des retraites a fait grand bruit du temps du Président Sarkozy. Pourtant aujourd'hui, l'Etat est en train de bouger tous les curseurs sans faire de bruit.

Pas de grande réforme mais des ajustements scélérats.

Une fois pour toutes expliquons nous bien sur le calcul des retraites, le régime général, celui de la plupart des salariés. Pour avoir assisté à une conférence récente, je vous assure que ce n'est pas compliqué (si vous savez comment ça marche, sautez juste les dix lignes suivantes suivant).

Outre les régimes dérogatoires qui sont au nombre de 3, les carrières longues, l'invalidité et ... j'ai oublié le troisième mais vous le trouverez sur le site de la CNAV, outre ces trois régimes il n'y a en gros que deux données qui règlent votre retraite :

1) L'âge, avant l'âge légal il n'est pas possible de liquider sa retraite. Cet âge est pour le moment variable en fonction de l'année de naissance. En gros c'est 62 ans.

2) La durée de cotisation. A partir du moment où vous avez atteint l'âge légal votre retraite sera calculée en fonction du nombre de trimestres validés, par exemple s'il vous faut X trimestres et que vous n'en avez que Y, votre pension sera affectée d'un coefficient réducteur purement proportionnel de Y/X. Vous avez le "taux plein" si vous avez X trimestres validés.

Je voulais revenir sur les deux critères fondamentaux. Leur ajustement permet d'équilibrer les cotisations et les versements. On comprend donc qu'il est important de mourir un jour sinon c'est la ruine du système. Pourquoi deux critères et quel rapport avec mon titre ?

Imaginons que le seul critère soit l'âge de départ.

On voit bien sur la figure précédente que ce ne serait pas équitable pour les personnes qui commencent à travailler jeunes, elles cotiseraient plus longtemps pour toucher pas plus. Ceci en supposant que la durée de vie est la même pour tous, ce dont on sait que ce n'est pas tout à fait  juste.

Imaginons maintenant qu'il n'y ait que le critère de durée de cotisation.

Ce serait une autre injustice car on voit bien que celui qui commence à travailler tardivement tard cotiserait autant pour toucher moins, voire beaucoup moins.

Je simplifie volontairement le raisonnement.

Il y a donc un compromis délicat à trouver entre durée de cotisation et âge de la retraite qui permet de réaliser au mieux l'équité entre les situations de ceux qui commencent tôt et ceux qui commencent tard.

Or le gouvernement parle aujourd'hui d'augmenter la durée de cotisation. Bien entendu puisque l'âge légal est un tabou pour la gauche !

Voila, j'y suis, c'est bien là que je voulais en venir.

Les étudiants seraient-ils des paresseux sans mérite ?

Des parasites.

Quelle Société peut se passer d'une élite ?

Oui, augmenter la durée de cotisation est un vecteur doctrinaire qui favorise ceux qui arrivent jeunes sur le marché du travail, d'une façon générale les "ouvriers et employés".

Mais que font donc les étudiants pendant leurs années d'études ? Comment notre société peut-elle annuler, en terme de droit à la retraite, trois, cinq, parfois sept ou huit années de travail ?

Ceux qui votent les lois le savent bien que ce n'est pas forcément un plaisir que d'étudier, de bûcher les examens ou concours pendant que les anciens copains de lycée, ceux travaillent déjà, sortent et font la fête, montrent fièrement leur nouvelle voiture et partent en vacance avec leur paye.

Pendant ce temps les étudiants, pour beaucoup sont en stage l'été ou font des petits boulots pour se faire un peu d'argent. Petits boulots qui leur valident rarement un trimestre par an.

S'ils arrivent à sauver deux semaines de vraies vacances dans l'année c'est qu'ils sont bien organisés. C'est une réalité maintenant, dans les écoles d'ingénieurs, des stages sont obligatoires tous les ans et pour les obtenir il faut sacrifier les vacances.

Un jeune ingénieur arrive ainsi sur le marché du travail autour de 25 ans et s'il enchaîne un doctorat cela va faire 28 ou 29 ans.

Alors, bien sûr quelques exception existent, les grandes écoles qui destinent au service de l'Etat, Normale, Polytechnique et quelques autres offrent un statut de salarié à leurs étudiants en contrepartie d'un engagement de service de 10 ans.

Pour le secteur privé, il est donc accepté que toutes ces années d'efforts que constituent les études soient complètement ignorées dans le calcul des retraites.

Pourquoi ?

PhB

Notre de dernière minute : il est question aussi d'augmenter les cotisations retraites. Non ce n'est pas un impôt prétend Moscovici, juste un prélèvement obligatoire ! Certes j'ai l'impression que c'est nécessaire, c'est le troisième paramètre sur lequel il est possible de jouer pour alimenter le régime général, mais en faisant cela le gouvernement tire une balle dans le pied de la croissance ce que n'avait pas voulu faire son prédécesseur. Ce n'est pas le moment, il pourrait faire cela à un moment où la pression fiscale n'est pas trop forte, or c'est loin d'être le cas.