Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Contre feu
18 mars 2014

La guerre des mots.

Loin de moi l'idée de nier les souffrances du peuple ukrainien, mais je constate une fois de plus que plutôt que de nous informer, les medias français suivent l'événement en relayant "la voie de son maître".

L'Europe, plus généralement l'Occident, tape sur la Russie et personne ne tente de comprendre la situation en profondeur. Ou du moins tout le monde fait semblant d'ignorer la réalité des faits.

Aussi j'ai décidé de relayer le texte suivant dont je ne suis pas l'auteur mais qui me semble, même s'il est discutable, intéressant.

 

Point de vue d'un citoyen français d'origine russe.
 
Chers amis,
 
Beaucoup d’hommes politiques donnent actuellement leur avis sur la crise Ukrainienne sans connaître, me semble-t-il, quelques paramètres historiques susceptibles de l’éclairer. Fort de mes connaissances de la Russie (porte parole pendant 3 ans et jusqu’à sa mort du Chef de la Maison Impériale) et de ma participation à un Groupe de Travail IHEDN/EURODEFENSE sur « Les relations entre l’U.E., l’OTAN et la Russie », permettez moi de faire quelques commentaires sur la situation en cours en Ukraine pour tenter de contrer l’importante désinformation sur le sujet !
 
1. Sans équivoque, le Président POUTINE, ex-KGBiste, est un dictateur mais la Russie d’aujourd’hui est le résultat de quatre siècles de dictature Impériale suivie de 70 ans de dictature communiste et n’est sensée connaître la démocratie que depuis 25 ans !! La France est sensée être une démocratie depuis 225 ans et il y a pourtant encore des accrocs … La Russie n’est pas prête pour une démocratie à l’européenne : arrêtons de nous considérer comme le centre du monde et de vouloir juger les autres avec  nos règles alors qu’ils n’ont ni le même niveau, ni la même culture. Le Président Poutine est certainement un passage normal/obligé vers une démocratisation, à terme, inexorable du pays.

poutine

 
2. Les Russes ont été KO debout avec l’effondrement du Pacte de Varsovie et tiennent pour responsable (à juste titre en grande partie) les Etats Unis. L’OTAN, dont le sigle a été, à mon avis, conservé à tort car son objectif d’origine n’a plus de raison d’être, est pour les Russes synonyme d’Etats Unis. Le Président POUTINE fait bien entendu tout ce qu’il peut pour que la Russie soit à nouveau considérée comme une grande puissance.
 
3. Mais il faut comprendre l’inquiétude des Russes de voir, sous couvert de l’Union Européenne, s’installer à sa frontière l’OTAN qui reste dans leur inconscient le symbole de leur perte d’influence et de l’effondrement de l’Empire « URSS ». La  Russie rêve de redevenir une grande puissance (elle en possède les atouts) et souhaite en particulier conserver un « pré carré », sinon économique, du moins d’influence mais n’est-ce pas le cas aussi des Etats Unis ? (Cf l’Opération « Baie des Cochons » à Cuba). L’influence des Etats Unis (c'est-à-dire, pour les Russes, de l’OTAN) dans l’effondrement du mirage de « 2ème puissance mondiale » et dans l’émergence de nationalismes parfois factices (la Géorgie, l’Ukraine ont existé en tant que tel, même d’une façon éphémère  au cours de l’histoire, mais ce n’est pas le cas par exemple de la Biélorussie), a développé dans le pays une très grande méfiance, attisée en plus par la propagande nationaliste. Les Etats Unis, sous couvert de l’OTAN ont fait déjà des tentatives pour installer des batteries de missiles anti-missiles dans plusieurs pays limitrophes de la Russie … et cela les inquiète. L’Union Européenne qui a rejoint l’OTAN, est donc considérée comme « compromise » avec les Etats Unis.
 
4. Venons-en à l’Ukraine : pourquoi les médias ne rappellent-ils pas quelques réalités historiques qui expliquent, certainement en partie, l’attitude des Russes et peut-être celle d’un certain nombre d’Ukrainiens :
*        KIEV est le berceau historique de la Russie (vous connaissez l’attachement particulier du peuple Russe à la « terre » russe qui est, avec la religion orthodoxe,  partie intégrante de la culture russe, de l’âme russe (cf « rodina »), et qui aurait certes un peu tendance à se confondre avec l’ex territoire de la CEI !). Aucune  des « vieilles familles Rurik » qui ont bâti la Russie, et qui sont originaires de l’ancienne Principauté de Kiev ne se dit Ukrainienne !
 
*         L’Ukraine a été rattachée à la Russie avant que la Bretagne ne soit rattachée à la France ! En fait, avant de devenir Russe, l’Ukraine, Tatare, Polonaise, etc…  n’avait été indépendante de toute son histoire que … 60 ans !
Or, le seul argument mis en avant, tout à fait exact, est la volonté de la Russie de vouloir conserver un « pré-carré » : cet argument est présenté comme un crime international odieux dû à la volonté paranoïaque d’un homme … sans avoir l’honnêteté de tenter la moindre explication.
 
* La Crimée est évidemment un point très sensible et on peut comprendre du côté russe une certaine inquiétude de voir le nouveau Parlement (qui a déjà supprimé la langue russe comme 2ème langue) remettre en question les accords signés concernant la base de Sébastopol : cela n’a rien d’absurde or les Russes tiennent à ce port qui est leur seul vrai port d’accès vers la Méditerranée … et qu’ils avaient rattaché en 1954  à ce qui était alors pour l’URSS la  « Province » ou « la « Région » Ukrainienne, c’est à dire à la République Socialiste d’Ukraine … Ces pays satellites étaient à l’époque en fait des Régions comme le sont les « States » aux Etats Unis.
 
Je pense par ailleurs que l’Ukraine est consciemment ou non en quête d’identité,  situation qui tient, à mon avis, essentiellement à sa situation géographique et probablement un peu à son histoire  :
A.    Présence d’ethnies d’origines diverses (avant d’être Russe, ce pays a été en effet Tatare et Polonais)
B.     Frontière commune avec des pays d’Europe ce qui explique aussi la pénétration, l’influence des « idées européennes »
C.     Présence de religions diverses : bien qu’orthodoxe en majorité, son passé polonais et sa proximité avec l’Europe a certainement facilité la pénétration et  la présence significative des « Uniates » catholiques dans le pays.
 
Il est évident que la motivation 1ère des Ukrainiens qui manifestaient était de se débarrasser d’un régime corrompu … et si pour y arriver, ils pouvaient obtenir le soutien international en mettant en avant leur désir de se rapprocher de l’Europe, le pas a vite été franchi. Il est probable qu’un certain nombre de responsables espèrent aussi (peut-être un peu naïvement) qu’un rapprochement avec l’Europe leur apportera une amélioration sensible de leur vie quotidienne. Nous ne sommes pourtant certainement pas prêt à les intégrer ni à combler leur déficit et je ne suis pas certain que le champion du monde de boxe, égérie du mouvement d’opposition, ait les capacités d’une vision géopolitique …
 
Cela dit, il n’est nullement question de contester l’indépendance de l’Ukraine et ce pays qui est naturellement, historiquement et économiquement tourné vers la Russie, doit aussi, bien entendu, développer des liens et des accords avec ses voisins européens. Cela facilitera d’abord l’instauration d’un régime plus démocratique dans le pays et par « capillarité ! » pourra aussi, peut-être, influencer l’évolution démocratique de son grand voisin Russe. Dans tous les cas, ce pays a vocation à devenir une passerelle utile entre l’U.E. et la Russie.
 
Conclusion : les Ukrainiens ont intérêt à mettre un peu d’eau dans leur vin … car ils ont besoin de la Russie sur le plan économique comme la Russie a besoin de rapports apaisés avec son voisin (intérêts mutuels) ce qui n’empêche en rien ce pays d’avoir des relations très proches avec l’Union Européenne. La campagne idiote de dénigrement de la Russie dans les médias européens et surtout français fait un tort considérable à une solution pacifique et raisonnable de ce conflit.
 
Nota : j’en profite pour redire mon regret de ne pas voir la France tenter significativement de prendre des parts de  marché dans cet immense pays Russe en pleine expansion grâce au pétrole au gaz et dont tout le développement intérieur reste à faire : les italiens et les allemands sont moins bêtes que nous ! Au nom des « Droits de l’homme », nous diabolisons ce pays sans se rendre compte qu’après des siècles de dictature impériale puis 70 ans de communisme, ce pays n’est pas encore prêt à accepter une démocratie à la française. Le dictateur Poutine est, je pense, une étape nécessaire dans cet immense pays  qui ne reviendra jamais au communisme.
 
Je constate que nous vivons de plus en plus dans un pays où le discours « politiquement correct » prend le pas sur la vérité : est-ce là un signe du progrès de notre époque ???
 
Cordialement
 
Alexis A.  BERESNIKOFF

 PhB

(*) photo PhB, carnaval de Nice 2013.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Billet bien éclairant. Il rappelle quelques notions qu'ignorent ou veulent ignorer nos braves journalistes donneurs de leçons. L'Europe et Obama sont de toute façon ridicules dans leurs gesticulations. Écouter, sur ces sujets Bernard Guetta (France-Inter, I télé...) Pour ajouter un sourire, la chronique du vieux bougon du 5 mars 2014 intitulée De Kiev à Caen... Cordialement
Répondre
Contre feu
Publicité
Contre feu
Archives
Newsletter
Publicité