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Contre feu
20 février 2020

Serais je le dernier gaulliste ?

La question énoncée dans ce titre peut sembler prétentieuse mais cette question se pose vraiment à notre époque !

J'ai évolué dans un milieu gaulliste toute mon enfance. Pour tout dire, ma grand mère maternelle, adhérente au RPF (Rassemblement du Peuple Français, mouvement du Général De Gaulle) depuis 1947, en 1951 était conseillère municipale et responsable de la section RPF dans la commune communiste de Malakoff.

Dans les années 50, pour une femme, il fallait avoir du caractère et les épaules solides !

De Gaulle était LA référence de l'homme d'état pour ma famille, le monde politique est d'ailleurs allé le chercher pour sauver une nouvelle fois le pays en 1958. Après avoir sauvé l'indépendance de la France grâce à l'organisation de la France Libre, voila qu'il lui revenait de sauver la République française en état de décomposition.

Toute ma famille faisait les campagnes électorales, distribuait des tracts, collait des affiches et tenait les bureaux de vote comme assesseurs. Enfin, tenait les bureaux de vote c'est beaucoup dire car dans les municipalités communistes, les assesseurs des listes opposantes n'avaient pas accès au matériel électoral, n'avaient même pas une chaise pour s’asseoir.

J'ai ainsi été durement formé à la vie politique mais aussi imprégné de cette fameuse "idée de la France" qui semblait obscure à beaucoup de personnes alors qu'elle est aujourd'hui citée en modèle universel. Va comprendre le peuple français ...

La notion de l’État.

Lorsque l'on relit les mémoires d'espoir du Général on comprend bien ce qu'il entendait par ETAT. Un État fort, indépendant et bienveillant pour ses administrés.

C'est tout l'objet de la Ve République et de sa constitution entièrement inspirée par la conception de l’État tel que l'entendait le Général. En cela il voulait radicalement trancher avec le "régime des partis" de la IVe République, régime instable où jamais une majorité pouvait perdurer.

Pour qu'une politique soit efficace il avait compris qu'il faut tracer une route et s'y tenir, les changements de cap permanents ne peuvent permettre de redresser un pays.

De Gaulle a ainsi fait étudier 5 plans successifs par son administration, puis a confié à ses Gouvernement leur scrupuleuse mise en œuvre avec des résultats époustouflants !

La vision à long terme.

De Gaulle rappelé aux responsabilités à l'âge de 67 ans ne travaillait plus pour son bien être mais bien pour celui de la nation.

Il a insufflé pour la France une vision à long terme où les intérêts électoraux n'avait pas droit de cité, où la seule indépendance, les seuls intérêts financiers de son pays comptaient.

Le résultat est radical, en moins de 10 ans, la France mise à terre, ruinée par la seconde guerre mondiale, se hisse au 5e rang des nations, n'est plus endettée, produit, nourrit tous ses sujets et même arrive à les reloger alors que l'habitat était soit vétuste soit détruit.

De Gaulle savait mieux que personne allier le libéralisme et le dirigisme étatique. Ainsi il a nationalisé les grandes entreprises d'intérêt national, l'électricité, le gaz, les télécoms, les grandes entreprises d'armement (qui produisaient aussi les avions civils), les chemins de fer, j'en oublie évidemment.

Ceci pour harmoniser la production des services aux populations, assurer une couverture géographique équitable, mais aussi pour maîtriser les masses économiques vitales pour le pays.

De Gaulle a initié le rapprochement France-Allemagne, seul gage d'une paix à venir durable. Mais aussi, malgré un scepticisme avéré, il a participé à la pose des premières pierres de l'Union européenne. Cependant il voulait une Europe des nations, nations elles mêmes fortes et indépendantes. Il l'écrit, il ne veut pas d'une union fédérée par une technocratie dominante. Visionnaire ...

De l'Europe justement.

Je vais peut être vous surprendre en avouant que j'ai voté OUI à la constitution européenne. Quelle horreur !

En fait, quelques année plus tôt, après une longue réflexion, j'avais voté NON à Maastricht considérant (de peu) que ce traité n'allait pas dans la voie tracée par le Général.

Alors, pour ce qui est de la constitution, le mal étant fait, autant donner aux responsables de cette institution les moyens de travailler.

Les français ont bien entendu fait le contraire car ils n'avaient pas assez médité la pensée du Général. Ils avaient voté OUI à Maastricht puis NON à la constitution. Pas malin ...

De toutes les façons nous avons bien vu comment le NON a été considéré. Les temps ont changé. Les référendums ne sont plus ce qu'ils étaient.

La légitimité du Chef.

De Gaulle considérait que le pouvoir devait être fort et proche du peuple, ce qui le distingue d'un dictateur qui ne se soucie pas de l’opinion publique. Pourtant il a souvent été qualifié de dictateur, qualificatif qui revient de nos jours parce que nos gouvernants ne s'exposent pas à l’opinion excepté lors des rendez vous électoraux, grandes messes des promesses non tenues.

C'est ainsi que De Gaulle a organisé 5 référendums au cours de ses onze années de pouvoir, soit autant que tous les autres Présidents de la Ve réunis, sachant qu'il y a eu pour ces derniers deux exercices imposés par la constitution de l'Europe.

En 1969, son dernier référendum lui a été fatal, il en a tiré les conclusions personnelles et s'est retiré.

De Gaulle tenait sa légitimité du peuple, c'est cela un pouvoir fort et non dictatorial.

De la politique d'aujourd'hui.

Ce qui m'a poussé à écrire ces lignes, c'est la lecture du livre "Apocalypse now" publié chez Favard par les trop célèbres journalistes du Monde.

Je n'apprécie pas ces fouilles merde, ni le ton de leur ouvrage entièrement rédigé à charge. Pas un mot rassurant sur Fillon, pas une excuse, il est coupable, rapiat, presque satanique ! La Justice appartient maintenant aux médias avant même d’être prononcée par les juges.

Il y a dans le ton de cet ouvrage, une jalousie sous-jacente qui transpire a toutes les pages.

Nonobstant je l'ai lu du début jusqu'à la fin. Avec courage.

Ma première conclusion est que "l'affaire Fillon" n'est pas hors du commun et ne méritait pas un tel traitement. Au moins elle aura servi aux auteurs de ce livre à faire du fric. En cela ils peuvent le remercier.

Non, ma conclusion est qu'il est hallucinant de voir tous ces gens qui témoignent et acceptent de livrer aux journalistes charognards des "secrets de famille" dans le menu détail. Je parle bien entendu de la "famille" de la droite. S'ils laissent tous entendre que Fillon à torpillé nos chances de gagner, en témoignant ainsi ils condamnent sur le long terme les chances de s'en remettre pour la droite, pour le parti qui se dit "gaulliste".

Il est là le malaise de la politique actuelle, plus de chef, plus de scrupule, que des ambitions personnelles.

Plus de vision de la nation, plus de dévouement, que des magouilles pour y arriver, et Fillon n'est sans doute pas le pire même s'il fait l'objet d'un lynchage en règle dans cet ouvrage.

Serais je le dernier gaulliste ?

Dans ce livre très orienté, les auteurs se permettent d'écrire, "les retournements de vestes font partie du patrimoine génétique de la droite française". Affirmation gratuite qui me donne la nausée, j'aurais bien aimé qu'ils étayent un peu cette phrase parce qu'en termes de retournement de veste, le père adulé de la gauche française, Mitterrand, était quand même un virtuose. Du gouvernement de Vichy à la résistance, du centre droit catholique (UDSR) à l'union de la gauche avec les communistes, on fait difficilement mieux. Mais peut être ces journalistes sont ils un peu jeunes pour savoir tout cela.

De même lorsqu'il écrivent avec mépris que "le logiciel de la droite n'est plus à jour", ils ont sans doute raison pour ce qui est du comportement de la plupart des acteurs de la droite mais pour le logiciel de la droite elle même, le "firmware" pour les connaisseurs, il est gravé dans les mémoires du Général et ne demande qu'à refaire surface. Ce jour là ils seront étonnés !

En 1974 j'ai fait campagne pour Chaban, l'héritier légitime du Gaullisme même s'il se disait gaulliste de gauche. "Chaban" était son nom de résistant. En effet les Compagnons de la libération ont été autorisés à accoler leur pseudo de résistant à leur nom propre dans leur identité officielle afin garder la mémoire de l'époque héroïque.

Jacques Chaban-Delmas, un Baron du Gaullisme !

En ce temps on a beaucoup critiqué ces fameux "Barons", soupçonnés de pouvoirs et privilèges occultes ; il n'empêche que c'étaient des personnes qui avaient tout donné pour leur pays, compagnons de galère et de victoire, en qui De Gaulle pouvait placer toute sa confiance.

Revenons à cette campagne de 1974 qui fait suite à la mort du Président Pompidou. Chirac, pourtant membre de l'UDR, a trahi sont camp pour soutenir la candidature de Giscard dont il sera le premier Premier Ministre. Je ne lui ai jamais pardonné même si, plus tard, j'ai du voter pour lui à contre cœur (encore qu’il me semble avoir voté Balladur lorsque la droite pouvait se permettre d’aligner deux candidats au premier tour).

S'en suivent des années de misère avec l'arrivée de Mitterrand au pouvoir pour 14 ans, malgré une cohabitation, c'est bien long, puis deux mandats pour Chirac qui accumule les erreurs pour la nation ... mais pas pour sa carrière.

Enfin Sarkozy reprend avec brio le flambeau, il a une vrai équipe, il en est le boss incontesté. Un petit air de Gaullisme moderne. De nouvelles têtes apparaissent et du personnel féminin en quantité, Dati, Pécresse, NKM qui sera son porte parole lors de la campagne de 2012 et bien d'autres.

Nous les avons soutenu avec un enthousiasme débridé. La résurrection était-elle en cours ?

Les médias ont réussi à le griller Sarkozy, il n'est pas réélu en 2012.

Je vais vous dire, en 2017, les primaires ouvertes de la droite pour les élections présidentielles, j’étais 100% contre. C'est aux adhérents de choisir leur champion, pas au peuple. Bien ; j'ai quand même été voter et j'ai voté Fillon, pas par conviction, simplement parce que je pensais que Sarko ne serait jamais élu et ferait perdre notre camps.

J'ai fait campagne pour Fillon, avec peu d'énergie, mais j'ai fait campagne ; et Fillon a été carbonisé par les médias, il n'accède pas au second tour, de peu, mais quand même nous perdons.

Le Gaullisme, s'arrête ici ...

Alors, reste-t-il des gaullistes à part moi ? Évidemment je pense que oui, je pense même en connaître mais ils sont inaudibles et tellement écœurés qu'ils ne s'expriment pas ou peu. Pas pour le moment.

Il nous reste les mémoires d'espoir du Général comme guide des bonnes pratiques, peut être un jour, un être d'exception le reprendra à son compte, ce guide, et remettra la droite française dans le bon chemin.

PhB 2020 02 20

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Commentaires
L
Quelle incohérence.. Voter "non" à Maastricht en 1992 puis "oui" au TCE en 2005. Cela n'a rien de gaulliste d'avoir soutenu le "oui" à la Constitution européenne de 2005 mais c'est d'avoir plutôt un esprit de "godillot" qui a voté selon les désirs du "chef" J. Chirac. Jamais le Général de Gaulle aurait soutenu un traité d'essence fédéraliste imposé par la suite (en 2008) aux français sous le nom de Traité de Lisbonne par le faux gaulliste N. Sarkozy
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